
Me Laura Mahieu est avocate au barreau de Lille depuis 2014.
Elle est avocate en Droit de la consommation et droit bancaire au sein du cabinet LM Avocat.
Le cabinet est situé au 30 Boulevard de la Liberté, 59800 Lille.
Épisode diffusé le 9 mai 2021.
Bonjour Laura
Laura Mahieu : Bonjour Hervé
Pouvez-vous m’indiquer votre métier et me décrire brièvement en quoi il consiste ?
Laura Mahieu : Je suis avocat au barreau de Lille. J’exerce depuis 2014 et je travaille essentiellement dans des contentieux de droit de la consommation, de droit bancaire et une activité annexe en droit de la famille.
Avez-vous imaginé faire ce type de métier quand vous étiez enfant ?
Laura Mahieu : Oui, j’ai ce projet depuis que je suis en CE1, donc ça remonte. Ça remonte à mes sept-huit ans.
Que pensiez-vous faire à ce moment-là ? C’était être avocat à cet âge-là pour vous ?
Laura Mahieu : Pour moi, c’était astronome ou avocat. Et finalement, le père d’une amie était avocat et je m’étais imaginée la robe noire, les grands plaidoyers, la défense du justiciable.Enfin, voilà, à mon niveau, à sept huit ans, me dire « je vais avoir un rôle important, je vais pouvoir parler, je suis une bavarde et convaincre les gens que j’ai raison », voilà tout ça c’était finalement cette image que je m’étais fait du métier et je n’ai pas changé d’avis depuis le CE1.
Donc, il y avait des avocats autour de vous et c’est eux qui vous ont conforté dans ce choix déjà très jeune ?
Laura Mahieu : C’est ça. J’ai eu donc le père d’une amie avocat que je voyais avec sa mallette, rentrait chez lui quand j’étais invité chez elle. Et puis son associé aussi, parce que j’ai eu l’occasion de les voir très souvent. Et je me suis dit Bah voilà, c’est ce genre de métier et c’est ça qui je pense en tout cas, qui m’a donné envie de faire ce métier-là. C’était vraiment cette relation avec le père de ma copine.
Quel est votre parcours d’étudiante ?
Laura Mahieu : Assez classique, finalement, parce qu’après l’obtention d’un bac ES qui n’existe plus maintenant. Mais pour ceux à qui ça parle, un bac ES. Et puis, je suis entrée dans une université à Vannes pendant deux ans.
C’était il y a longtemps.
Laura Mahieu : Oui… c’est ça. Ma licence sur trois ans. Et puis après, je suis arrivé sur Lille, j’ai fait un master en droit privé général puisqu’initialement, je voulais venir sur Lille pour faire un master en droit de la responsabilité médicale. Et finalement, j’ai changé d’avis. Et après le master général, je suis entrée en master 2 droit pénal puisque j’étais encore sur la défense des innocents et cette envie de combattre les injustices. J’ai changé d’avis par la suite, mais initialement, j’étais partie sur une carrière en pénal.
Y a-t-il eu un déclic pour orienter ce parcours, autant le tout début et ensuite la réorientation ?
Laura Mahieu : Sur les matières, vous voulez dire ?
Non, de faire le master 1 pourquoi avoir fait celui-là ? Et puis après ce qui vous a fait changer d’avis par rapport à votre choix initial ?
Laura Mahieu : Oui, en fait, j’étais attirée par la responsabilité médicale, les contentieux médicaux. C’est quelque chose que je trouvais assez intéressant.J’ai finalement eu des cours dans ce domaine-là, plus précisément quand j’ai intégré l’Université catholique de Lille. Ça ne m’a pas convaincu, finalement, je n’ai pas été aussi passionné que ce que je pensais par la matière. Et du coup, je n’ai pas accroché et je me suis dit Bon bah voilà, il faut que je choisisse unautre master. À cette époque-là, il y avait un master 2 en droit pénal qui allait ouvrir et j’avais cet attrait aussi pour la matière pénale. Donc, j’ai finalement postulé après la sélection j’avais été prise. J’ai pu m’orienter sur ce master 2.
Avez-vous eu un mentor ou une personne qui vous a fortement influencée durant vos études ?
Laura Mahieu : Sur une personnalité en tant qu’avocat ?
Oui, qui vous a conforté dans votre choix ? Ou peut-être un professeur qui a une grosse influence sur vos études ?
Laura Mahieu : Non, c’était plus. Finalement, c’était plus des grands avocats qu’on voyait qui étaient assez médiatisés et qui me confortaient dans l’idée que j’allais aimer ça j’allais aimer plaider. J’allais aimer défendre les gens qui n’avaient pas la même facilité que nous à s’exprimer finalement, porter leur voix. Après, c’était plus ce genre de profil-là qui finalement m’orientait et me confortait dans le choix du métier. Puisque je n’avais pas fait de stage. En revanche, je suis arrivé jusqu’en Master 2 sans avoir fait de stage, donc c’est vrai que ça n’était pas très concret jusqu’alors. Et vous vous souvenez de ces avocats célèbres qui vous ont conforté ? Un est devenu garde des Sceaux, un ancien Lillois. Il y a aussi, pour rester local, maître Berton, qui a l’occasion de faire de grandes plaidoiries des dossiers assez médiatisés. J’ai eu l’occasion de me retrouver quand j’étais élève avocat. Je me suis retrouvée aux assises en observation et c’était lui qui plaidait dans un dossier pour un accusé devant les assises. Quand je l’ai entendu, on était tout le monde gros silence dans la salle. Que ce soit le président ou les jurés ou l’avocat général, il n’y a plus personne qui parle. Concentration énorme parce que c’est lui qui plaide et on l’écoute. Et c’est finalement presqu’une prestation théâtrale très impressionnante qui mène le verbe assez bien. Il manie le verbe assez bien.
Alors, vous venez de dire pour rester local. Il se trouve que, exceptionnellement, je ne suis pas en région parisienne aujourd’hui. Mais où sommes-nous ? Et pouvez-vous me dire où vous avez parlé d’études à Vannes et ensuite à Lille ? Où sommes-nous et qui sont les avocats de renom locaux ?
Laura Mahieu : Oui, alors j’ai fait une partie de mes études à Vannes parce que j’avais eu l’opportunité de famille là-bas et que du coup, je m’étais orientée là-bas et après les Masters ne me convenait pas.Donc j’ai bougé. Il s’avère que l’Université catholique de Lille proposait des parcours qui m’intéressaient. Donc c’est comme ça que je suis arrivé dans le Nord. Et aujourd’hui, j’exerce sur Lille. Donc depuis 2014, je n’ai pas bougé. J’ai continué mes études et j’ai passé le certificat d’aptitude à la profession.J’ai intégré l’école et après, j’ai passé le capa. La question ne s’est pas posée et finalement, je m’étais très bien intégrée. J’avais envie de rester sur Lille. J’aime beaucoup cette ville. Maintenant, ça fait dix ans que j’y suis et c’est un barreau qui est très grand quand même.Mais en même temps, qui reste à taille humaine. C’est à dire que même si on est un peu plus de 1300 de mémoire, on se connaît quand même pas mal. En tout cas, les gens que vous côtoyez qui font plus de judiciaire parce que moi, je fais plus de judiciaire que de conseils.Mais on se connaît, on se côtoie, il y a une certaine bienveillance. Ça reste un barreau à taille humaine, je trouve, qui est intéressant et soudé, qui défend des valeurs. On a des bâtonniers qui se succèdent, qui valorisent la profession, qui la défendent.Et ça reste un barreau intéressant et finalement convivial. Sur les grands noms, on a eu deux grands pénalistes que j’évoquais tout à l’heure, qui sont pour moi vraiment, en tout cas ceux qu’on connaît le plus.
Auriez-vous des conseils à donner à des étudiants et des étudiants qui voudraient justement faire leurs études à Lille ?
Laura Mahieu : En droit en tout cas, allez-y, foncez ! Il y a encore de la place. Je pense que malgré ce qu’ils pourront entendre, parce que c’est un discours qu’on entend. Je l’ai entendu il y a dix ans et je pense que les décennies avant on leur faisait le même discours. En leur disant, il n’y a pas de place. Il n’y a pas d’avenir dans la profession. Ici, je pense que tout le monde a sa place. C’est juste qu’après, il faut effectivement chercher une activité peut-être plus de niche pour sortir un petit peu du droit privé général ou du droit pénal. Parce qu’effectivement, il y a moins de gens qui trouvent leur place sur des contentieux généraux comme ça. Mais il faut y aller. Si c’est vraiment le métier que vous voulez faire, il faut y aller, il faut s’accrocher. Les premières années ne sont pas toujours évidentes en collaboration. C’est parfois un peu ingrat, mais c’est très formateur. Et finalement, une fois cette période passée, quand on a la possibilité soit d’être associé, soit de s’installer, on vit de sa passion parce que c’est un métier pour moi qui est un métier de passion. On ne peut pas le faire juste en tant que gagne-pain. De toute façon, on ne tient pas bien longtemps. Je pense qu’il faut une motivation autre et c’est à mon sens. Franchement, je pense que c’est une passion. Il faut, il faut se lever tous les matins et adorer ce qu’on fait et le faire avec conviction. Alors on a des hauts et des bas, comme dans tous les métiers, mais je pense sincèrement que l’avantage de ce métier c’est qu’aucune journée n’est jamais la même. C’est différent tous les jours. C’est extrêmement stimulant intellectuellement. Il faut aimer chercher et trouver des réponses, plaider. Et en même temps, si par la suite on a plus envie de plaider, on peut s’orienter vers plus de conseils. On peut changer d’activité au fur et à mesure. En tout cas, la façon dont on exerce. Je pense que si la personne est passionnée, il faut foncer, il faut y aller et la personne pourra s’épanouir dans ce métier-là.
Quel jour avez-vous prêté serment et quel souvenir en gardez-vous ?
Laura Mahieu : J’ai prêté serment en novembre 2014, la cour d’appel de Douai. Un grand souvenir, un souvenir plein d’émotion parce que c’est l’aboutissement de sept ans d’études supérieures. Beaucoup, parfois de sacrifices. Quand mes autres copains partez en vacances, que nous, on avait des partiels après les vacances. C’est beaucoup d’efforts parce que c’est quand même des études assez longues, assez exigeantes. Je pense des études où vraiment il y a un niveau d’exigence assez important. Et donc voilà, c’est finalement la récompense ultime. C’est de se dire ça y est, je suis là, je suis posé. J’ai réussi, j’ai ma place, je vais être avec mes pairs et c’était très émouvant. C’est très solennel. On a quand même les membres de juridiction qui sont là, le bâtonnier. On porte la robe pour la première fois, qu’on a été ravi d’aller acheter avec papa maman. C’est vraiment quelque chose de très solennel où on se dit ça y est. J’entre dans la profession quelque part. C’est ce passage dans le grand bain et c’est à la fois avec solennité et bienveillance. C’est très impressionnant et très émouvant. J’en garde un souvenir très ému. Et puis, entouré de mes amis de promo qui partagent et qui ont partagé les mêmes galères, les mêmes efforts. Et on a réussi ensemble et on y est.
Dans quel type de structure avez-vous commencé vos activités et quel était votre rôle ?
Laura Mahieu : J’ai commencé en tant que collaboratrice dans un cabinet sur Lille. Un cabinet qui faisait énormément de judiciaire. Donc j’étais en audience matin et après-midi. Je plaidais tous les dossiers. J’allais dans toutes les juridictions du Nord-Pas-de-Calais. Je faisais 800 kilomètres par mois en moyenne, mais en même temps, j’ai acquis une expérience énorme sur le fait qu’il faut s’adapter. Parfois, j’avais des dossiers en disant il faut y aller à 14 h. Voilà, on se plonge dans le dossier. On apprend à en retenir l’essentiel pour pouvoir le plaider, le mettre en avant. Ça a été rude, mais formateur. Et je ne regrette pas, c’était un passage je pense qui m’a énormément formé et j’ai su faire avant pas mal d’autres personnes de ma promo, j’ai su faire beaucoup de choses assez rapidement et être assez autonomes rapidement parce que quand on sort de l’école, on ne sait pas grand-chose. C’est là qu’on se rend compte que finalement, on m’a appris toutes les connaissances, mais on ne sait pas vraiment les mettre en pratique. Ce n’est pas des études pratiques du tout. Et en fait, on se rend compte qu’on a encore tout à apprendre une fois qu’on est collaborateur. Donc, il faut, il faut s’adapter. La marche est haute. Donc, ça a été très formateur pour moi.
Et où exercez-vous maintenant ?
Laura Mahieu : Donc maintenant, j’ai mon propre cabinet sur Lille, boulevard de la Liberté, au 30, boulevard de la Liberté, dans des locaux qui nous permettent de recevoir facilement. On est plusieurs dans les locaux. Mais on est chacun individuel et j’ai ouvert ce cabinet qui, initialement est à Lille depuis novembre dernier.
Quel est pour le moment votre meilleur ou vos meilleurs souvenirs professionnels ?
Laura Mahieu : C’est surtout quand on voit le sourire ou le soulagement des clients. Mais j’ai eu plus particulièrement deux dossiers qui m’ont marqué, un dossier en droit de la consommation, puisque c’est vrai que c’est essentiellement ce que je fais dans lequel les gens s’étaient engagés dans un crédit catastrophique de 72 000€ sur quinze ans. C’était vraiment une situation financière catastrophique pour eux. Ils n’avaient rien compris et finalement, ils sont venus en larmes me dire voilà, on a signé ça. On ne sait plus quoi faire. On est désemparé et financièrement, on va être totalement aux abois. C’est la catastrophe. Et voilà, c’était une réalité pour eux. C’était une catastrophe. C’était le dossier de leur vie. Ils me posaient leur fardeau et il fallait essayer de faire en sorte de les aider comme je pouvais. C’est un dossier qu’on a gagné en première instance. La banque et la société d’énergie renouvelable avaient fait appel. On a de nouveau gagné en appel et voilà, les gens pleuraient de soulagement parce que vraiment, ça allait avoir un impact dans leur vie. C’est à dire que du coup, j’avais réussi à les sortir de cette situation catastrophique financièrement pour eux. Ces gens qui en avaient souffert même sur un impact de santé, c’est à dire que du coup, ils avaient fait de la dépression. C’était allé assez loin et on enlevait ce fardeau. Et j’ai trouvé que vraiment, c’était quelque chose, un souvenir ému parce que me dire, voilà, je les ai accompagnés, je les ai accompagnés jusqu’au bout. On a gagné deux fois, on n’a rien lâché et en même temps, je sais que j’ai eu un vrai impact sur leur vie. C’est-à-dire que du coup, grâce à ça, finalement, aujourd’hui, ils soufflent.
Je souhaite, à travers ce podcast, bien faire comprendre les spécificités de votre profession. Vous venez d’évoquer en cassation et Cour d’appel, est-ce que vous pouvez m’expliquer un peu brièvement la différence entre les deux ?
Laura Mahieu : Alors c’était en première instance et en appel, donc la première instance est le premier degré de juridiction. Vous avez donc un juge parfois unique ou en audience collégiale qui va rendre cette décision. Et une fois que cette décision est rendue, vous avez un délai au civil et dans les contentieux que j’exerce y a peu près un mois à partir de la signification par huissier, un mois pour contester cette décision et dans ce cas-là, si l’une des parties fait appel, interjette l’appel, dans ce cas-là, on porte l’affaire devant la Cour d’appel. Ici, au niveau du secteur, c’est la compétence c’est la plupart du temps la cour d’appel de Douai. Et là, on remet en fait le dossier à zéro, on repart à zéro on reconstruit un raisonnement juridique. Et on plaide le dossier une deuxième fois devant d’autres juges. Soit en juge unique ou en collégiale également, avec beaucoup plus d’impératifs d’ailleurs, de calendriers, etc. De risques parce que la procédure d’appel a été réformée, elle est particulièrement complexe maintenant. Et donc, on a cette possibilité, de faire rejuger complètement à nouveau une affaire civile. Pour pouvoir avoir une nouvelle décision, la Cour d’appel, soit elle confirme la décision rendue par le juge de première instance, soit finalement elle infirme le jugement et dans ce cas-là, elle est anéantie le jugement et elle rend une nouvelle décision qui, cette fois ci, s’appliquera aux parties. Et vous avez aussi un troisième degré de juridiction, en tout cas dans les contentieux dans lesquels j’exerce, qui relève de la chambre civile de la Cour de cassation, qui est un troisième degré où, là encore, on peut de nouveau trancher l’affaire.
Vous exercez principalement en droit de la consommation et en droit bancaire. Pouvez-vous m’expliquer la spécificité de ces domaines ?
Laura Mahieu : Oui, d’ailleurs, je peux aussi expliquer un petit peu comment j’en suis venu au droit de la consommation pour peut-être mieux comprendre le parcours. Parce qu’effectivement, j’avais quand même, rappelons-le, un master en droit pénal. Donc rien à voir avec le droit de la consommation et finalement, c’est une opportunité de stage. J’ai fait des stages pendant les études d’élève avocat au sein de l’association UFC Que Choisir de défense des consommateurs. Stage passionnant. J’ai adoré. Je suis resté six mois là-bas, c’était vraiment passionnant sur l’UFC que choisir de lille qui n’est pas très loin du cabinet. Je me suis rendu compte que finalement, c’était un domaine dans lequel on ne pouvait pas s’ennuyer. C’était différent. Il y avait toujours des litiges qui arrivaient, des gens qui venaient, qui dit nous disaient « bah voilà, j’ai fait si j’ai fait ça, j’ai signé ça, j’ai fait des travaux, c’est la catastrophe. J’ai acheté une voiture et ne marche plus. J’ai acheté tel ou tel bien, et ça ne va pas ». Enfin, voilà les litiges de consommation qu’on avait tous les jours à l’UFC Que Choisir on a essayé de leur proposer une solution. Et c’était vraiment un domaine qui me qui m’a plu et j’ai réussi à avoir une première collaboration, la dont je vous parlais tout à l’heure, qui était notamment en droit de la consommation et en droit bancaire, ce qui m’a permis de conforter ce choix et j’ai continué à me spécialiser. En tout cas, exercer de plus en plus exclusivement dans ce contentieux-là, toujours avec une sorte de collaboration, de partenariat avec l’UFC Que choisir et du coup, ça a fait que de fil en aiguille maintenant, j’exerce quasiment exclusivement en droit de la consommation et en droit bancaire. Alors, pour vous expliquer plus en détail, le droit de la consommation, c’est moi j’appelle ça le droit de la vie de tous les jours. C’est une multitude de contentieux possibles. Vraiment, ça touche à tous les domaines. Comme je le disais, ça peut être, vous achetez un véhicule, vous faites des travaux, vous avez du démarchage, de la vente en ligne. Ça, c’est pour les particuliers. Mais vous avez aussi tout le volet professionnel. Quand je suis sollicité par des professionnels pour leur rédiger des contrats pour s’assurer qu’ils respectent toutes les dispositions d’ordre public du Code de la consommation. J’ai pas mal de professionnels qui me sollicitent aussi pour la rédaction de conditions générales de vente puisqu’elles sont désormais obligatoires en B2C. J’ai l’occasion de vérifier aussi les réglementations en matière de médiation sur leur site Internet. J’ai pas mal de clients professionnels aussi qui veulent mettre en place des produits sur le marché et il faut vérifier la conformité des produits avec la réglementation. J’avais une société qui fabriquait des jouets. Il y a une réglementation pour la mise sur le marché des jouets qui est hallucinante. Donc voilà tout ça. Ça a été finalement des domaines d’activité dans lesquels j’ai pu exercer des types de dossiers que je peux traiter et à la fois pour les professionnels et pour les particuliers. C’est très varié et en même temps, je trouve que c’est intéressant parce que c’est un droit qui a un impact dans le quotidien des gens.
Vous avez évoqué votre meilleur souvenir professionnel tout à l’heure. Est-ce que vous auriez un autre exemple à nous donner où vous intervenez ?
Laura Mahieu : Un très bon souvenir également d’audience.
On va dire de préférence un bon souvenir, c’est pour comprendre à quel moment est-ce qu’on peut faire appel à vous et quand est-ce que vous pouvez nous aider ?
Laura Mahieu : Alors je peux intervenir soit en amont, mais ça, c’est plus pour les professionnels. Effectivement, anticiper dans la rédaction de contrats et tout ça dans la rédaction des conditions générales, c’est des choses qu’on fait en amont, justement pour s’assurer qu’on respecte bien la réglementation et qu’on évite par la suite différents contentieux qu’on pourrait avoir avec des consommateurs ou, à l’inverse, pour les consommateurs en tant que tel. C’est finalement la plupart du temps, ils viennent me voir quand ils ont déjà le litige. En général, ils ne viennent pas me voir quand ils n’ont pas de problème, mais c’est lorsque finalement on leur réclame. J’ai pas mal de dossiers où on leur réclame des créances qui ne sont pas dues, des crédits à la consommation qui ne sont pas réguliers, des situations de surendettement aussi. J’ai quelques dossiers de situations de surendettement avec des gens, notamment dernièrement, où l’impact financier de la crise sanitaire est quand même assez important pour en tout cas certains domaines. Et j’ai des gens qui se sont retrouvés à être au chômage ou à perdre leur emploi avec une grosse baisse de revenus, ou alors qui ont des problèmes de santé et d’un coup une situation tout à fait ordinaire de vie classique, devient catastrophique parce que qui dit plus de revenu dit plus de possibilité de payer les crédits. Et puis, on s’engouffre, plus de possibilité de payer le loyer. On a des menaces d’expulsion. Et voilà, tout ça fait que c’est des gens qui se retrouvent dans des situations assez catastrophiques. Et là, on essaye de tirer le meilleur parti quelque part de tout ça, en essayant de dire est ce qu’il y a une possibilité de faire un dossier de surendettement ? Si oui, je les accompagne dans la réalisation de ce dossier. Si ce n’est pas possible comment on peut faire, est ce qu’on peut saisir une juridiction pour demander éventuellement des délais de paiement sur leurs crédits. On a aussi la possibilité parfois de suspendre tout simplement les échéances d’un crédit en justifiant auprès du juge la situation financière ponctuelle, mais qui fait qu’ils se retrouvent dans l’incapacité d’assumer ses échéances. Et on a également la possibilité de quand ce sont des contrats qui ne respectaient pas la loi de les faire tout simplement annuler.
Une élève avocate m’a suggéré une question qui est de savoir si vous arrivez à gérer aisément votre vie professionnelle et votre vie personnelle ?
Laura Mahieu : Globalement, oui. Alors maintenant que je suis à mon compte, c’est plus simple, c’est-à-dire que du coup, je gère forcément mon emploi du temps. Je l’adapte puisque je suis marié et que j’ai une petite fille. J’ai des contraintes horaires que je n’avais pas avant l’arrivée de ma fille puisque forcément, à 8h et demie, 6h et demie, il faut que je sois là pour elle. Donc, j’ai ces contraintes horaires depuis deux ans maintenant et je m’organise différemment. Je mets des rendez-vous sur l’heure du déjeuner. Parfois, je cherche des solutions avec les clients. Qu’est ce qui peut vous arranger autrement qu’après votre travail. Parce que moi aussi, il faut que je sois chez moi. Donc ça, c’est beaucoup plus simple depuis que je suis à mon compte, effectivement. Parce que j’ai cette facilité de gestion de mon emploi du temps qui ne dépend de personne d’autre que moi. Après, c’est sûr que parfois, on a des imprévus et des audiences. Alors moins, maintenant, parce que je fais quasiment plus de pénal, donc j’ai moins d’audience correctionnelle. Mais j’ai encore eu pour des victimes là récemment, d’arnaques de droit de la consommation. En fait, le volet droit de la consommation dans le droit pénal où finalement, il y avait 200 victimes d’une arnaque généralisée. On a eu des audiences qui ont duré plusieurs jours, parfois très tard. Je suis rentrée à 23 h, forcément à 23 h, il faut que je trouve une solution parce que 6 h et demie, je ne pouvais pas dire aux juges « Excusez-moi, je m’en vais parce qu’il est 6 h et demie ». Donc là, on cherche des solutions. Puis j’ai la chance d’avoir un mari qui peut aussi gérer. On est deux dans la barque, donc c’est plus simple aussi.
Les avocats font parties des professions réglementées dans le secteur juridique, comme les notaires, les huissiers et autres commissaires-priseurs. Quels sont les vecteurs de communication dont vous disposez ?
Laura Mahieu : Alors, on a la possibilité maintenant, dans un cadre bien précis, de faire de la publicité. Après, ce n’est pas notre cœur de métier. On n’est pas toujours à l’aise avec ces questions-là, mais on a aussi la possibilité d’utiliser les réseaux sociaux. Donc je pense qu’aujourd’hui, clairement, on est obligé de s’adapter et de se former et d’utiliser ces réseaux sociaux. Parce que moi, je suis toujours surprise. Mais les clients me disent je vous ai trouvés sur Internet parce que vous aviez des avis positifs. L’Impact des avis pour le choix de l’avocat. Finalement, on n’est plus trop dans le bouche à oreille. Encore un peu, mais quand même. Parfois, les gens cherchent l’avocat sur Internet, sur les réseaux sociaux, il y a des commentaires, etc. Donc. Et puis, on arrive sur des clients qui sont de la génération des réseaux sociaux. Donc forcément, il faut s’adapter à ces outils là et on a la possibilité, même en tant que profession réglementée, d’utiliser ces outils. Alors on ne peut pas faire n’importe quoi. Il faut respecter les grands principes de la profession et notamment le faire avec dignité et indépendance. Mais c’est vrai qu’on peut quand même utiliser les outils de type Facebook, LinkedIn, Instagram et avoir un site Internet et valoriser notre activité via ces nouveaux modes de communication.
Alors ce sont de nouveaux modes, mais avez-vous une idée des autres canaux de communication qui pourraient vous mettre encore plus en valeur, plus en lumière ?
Laura Mahieu : Les podcasts, je pense qu’aujourd’hui, on écoute peut-être un peu moins la radio. Moi, personnellement, j’écoute beaucoup plus de podcasts que la radio, à part de manière ponctuelle en voiture. Je pense qu’aujourd’hui, les podcasts sont très plébiscités dans plein de domaines. J’écoute des podcasts d’affaires d’enquête, j’écoute des podcasts sur des familles aventurières en vacances, des podcasts de construction de personnalités vraiment sur des thématiques très différentes, un peu sur tous les aspects de ma vie. Donc je trouve ça très intéressant. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, les podcasts comme celui-ci pour mettre en avant les avocats, je pense que c’est un vecteur de communication tout à fait pertinent. Et tout comme il y a aussi des chaînes YouTube, des vidéos. Je pense qu’on se doit aujourd’hui d’être sur des moyens de communication les plus variés possible.
La langue française est partie intégrante de la langue française et partie intégrante de votre métier. Il y a maintenant un petit rituel dans ce podcast. Pour chaque invité, c’est de connaître le mot ou l’expression peu usité que vous appréciez tout particulièrement.
Laura Mahieu : Alors, j’ai un petit peu réfléchi. Il me fallait un petit moment parce que c’est vrai que finalement, on se rend compte qu’on utilise. En tout cas, moi, personnellement, j’utilise beaucoup de vocabulaire juridique que j’ai transposé dans ma vie personnelle, ce qui fait beaucoup rire mon entourage, et notamment une expression que j’utilise sans m’en rendre compte au quotidien. Je dis toujours Dont acte. Et en fait, c’est une expression relativement juridique puisque dont acte, c’est prendre acte de quelque chose, c’est-à-dire c’est presque dire j’en prends note, j’en prends bonne note, j’en prends connaissance et j’en prends bonne note. Et c’est vrai que je l’utilise maintenant dans la vie courante en faisant bon bah dont acte, ça veut dire « bon ben ok, c’est noté ». Donc moi, je l’ai transposé dans ma vie courante, cette expression.
Il faut faire les courses Dont acte.
Laura Mahieu : Dont acte.
À l’inverse, quels tics de langage, cette fois ci à l’oral, n’appréciez-vous pas beaucoup ? La question, c’est pour essayer de s’améliorer.
Laura Mahieu : C’est ça. Alors parfois, quand on écoute les plaidoiries, même quand on a l’opportunité de pouvoir s’écouter, en tout cas, ce serait entendre sur des enregistrements de ce genre de choses. On se rend compte que finalement, on a vite des tics de langage, notamment le euh, mais on essaie d’y faire attention. Après, quand on est vraiment sur une plaidoirie. Moi, quand je plaide un dossier, c’est vrai que j’en fais très peu. Voilà des euh, comme on dit. Par contre, j’utilise beaucoup l’expression, du coup, du coup, ça vous pouvez m’entendre dire cinq, six, sept fois. Et parfois et je sais qu’il faut y faire attention. Et on essaye autant que possible de s’améliorer sur ce point-là, mais ce n’est pas évident.
Pour conclure cet épisode, il y a-t-il une question à laquelle vous auriez aimé répondre ? Que je ne vous aurais pas posé ?
Laura Mahieu : Est-ce que ça vous plaît d’être avocat ? Je pense que vous ne l’avez pas demandé.
Je pense que je vais la poser à chaque fois. J’ai peut-être déjà la réponse, mais alors, est-ce que ça vous plaît d’être avocat ?
Laura Mahieu : Oui, pour l’instant en tout cas. Je ne vous répondrai peut-être pas la même chose dans dix ans parce qu’on a un métier qui a vocation à muter dans les années à venir. Je pense que ce n’est pas simple. Il y a eu des réformes. Notre activité est très changeante et on doit aussi faire face à de nouvelles problématiques. Mais c’est toujours aussi intéressant. Chaque jour est différent et pour l’instant en tout cas, je suis ravie d’exercer ma profession.
Maintenant que l’on vous connaît un peu plus, si l’on souhaite prendre contact avec vous, comment fait-on ?
Laura Mahieu : Alors, vous pouvez tout simplement téléphoner au cabinet, mais vous avez les coordonnées en tapant le nom du cabinet sur Internet. Après, vous avez donc la possibilité de passer par le site également, vous avez une page de contacts avec un formulaire. Vous avez également la possibilité d’écrire via les réseaux sociaux puisqu’on a cette page Facebook professionnelle. Vous pouvez me contacter directement en message Facebook. Et puis, vous pouvez venir au cabinet. Il y a des plages de consultation qui sont organisées comme ça, sans rendez-vous, donc il y a une multitude de possibilités.
Merci de m’avoir reçu à Lille.
Laura Mahieu : Merci à vous.
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