Alexandre Uzan

Me Alexandre Uzan est avocat au barreau de Paris depuis le 2 décembre 2020.

Il est est avocat en Droit immobilier au sein du cabinet Jacquin Maruani & Associés.

Le cabinet se situe au 3, rue Anatole de la Forge
75017 Paris, France.

Épisode diffusé le 13 juin 2021.

Bonjour Alexandre.

Alexandre Uzan : Bonjour.

Pouvez-vous m’indiquer votre métier me décrire brièvement en quoi il consiste ?

Alexandre Uzan : Je suis Alexandre Uzan. Je suis avocat inscrit au barreau de Paris. Je suis un jeune avocat qui a prêté serment en fin d’année 2020 et j’exerce le métier d’avocat dans une spécialité. Je fais du droit des baux commerciaux et du droit immobilier appliqué aux commerçants, aux enseignes commerciales et aux institutionnels. C’est toute une matière qui traite des litiges entre les bailleurs et les locataires.

Avez-vous imaginé faire ce type de métier quand vous étiez enfant ?

Alexandre Uzan : Quand j’étais enfant, c’est sûr que moi, j’ai été. J’ai été bercé par la profession. J’ai grandi dans une famille avec une maman qui était avocate et un grand-père qui était avocat. Donc forcément, ça m’a donné le goût et l’envie et la motivation pour faire ce métier. Après le métier d’avocat, évidemment, j’avais envie de faire cette carrière-là. Par contre, la spécialisation, c’est quelque chose qui vient au fur et à mesure, au fur et à mesure des expériences, au fur et à mesure des rencontres. Et puis, au fil des expériences. On commence à avoir une volonté de faire une matière peut-être un peu différente de ce qui est fait, que ce soit le droit pénal ou le droit des sociétés qui sont des matières somme toute classiques et fréquemment enseignées, notamment à l’université.

Alors, justement, quel est votre parcours d’étudiant ?

Alexandre Uzan : Alors, mon parcours d’étudiant. J’ai fait mes études et la quasi-totalité de mes études à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas, qui est une fac de droit parisienne dans le quartier de Saint-Germain. Et ensuite, une fois que j’ai fait ma licence de droit là-bas et ma première année de master, j’ai candidaté puisque les sélections de Master 2 sont faites sous dossiers, c’est-à-dire qu’il faut soumettre un dossier de candidature à une université que l’on souhaite rejoindre et donc j’ai intégré ensuite sur dossier l’Université Paris Dauphine pour faire une spécialisation dans cette autre université parisienne.

Habituellement, je pose la question y a-t-il eu un déclic pour réorienter ce parcours ? Est-ce que c’est lié à votre environnement familial ou pas ?

Alexandre Uzan : Alors, évidemment, on ne peut pas nier que l’environnement familial, ça joue. Mais il y a aussi la motivation qui joue. Donc pour faire ce parcours, c’est beaucoup d’années, c’est beaucoup d’années de travail, c’est beaucoup d’années aussi de volonté et de persévérance. Alors, c’est vrai qu’il n’y a pas un concours à l’entrée à l’université comme dans d’autres filières. Par exemple, quand on fait médecine, on a un concours sélectif à l’entrée dès qu’on commence ses études en première année, ce qui n’est pas le cas en droit. Par contre, il y a un concours semi déguisé. C’est l’examen d’entrée au barreau de Paris et là, par contre, ça demande vraiment une motivation particulière, un approfondissement des connaissances. Et puis, il y a vraiment une détermination et ça permet ensuite d’exercer ce très beau métier.

Avez-vous eu un mentor, une personne qui vous a fortement influencé ? Une fois de plus par rapport à votre famille mais, vous allez nous le dire.

Alexandre Uzan : Alors, j’ai évidemment eu des mentors familiaux, ma propre mère étant avocate, également au barreau de Paris. Mais il y a aussi les mentors qu’on rencontre au fil des stages, notamment quand on est étudiant, quand on a l’occasion de faire un stage pendant ses vacances d’été, au mois de juillet, au mois d’août. Donc oui, j’ai eu l’occasion de faire vraiment des rencontres avec des personnes qui faisaient autorité dans leur matière. Et en partant de là, évidemment, ça nous donne envie, soit de continuer, soit d’approfondir, soit d’enrichir les connaissances qu’on avait acquises théoriquement pendant les amphithéâtres. Mais à partir de là, évidemment que j’ai des mentors dans la profession, que ce soit dans la matière que j’exerce actuellement en droit immobilier, mais également aussi dans des matières plus neutres comme le droit des affaires ou le droit commercial. Et évidemment, toutes ces influences, ça nous permet d’avoir la volonté d’apprendre, d’avoir la volonté de parfaire ses connaissances et puis aussi d’approfondir sa maîtrise de la pratique juridique qui est substantiellement différente des simples connaissances qui sont transmises par nos professeurs à l’université.

On a un peu de temps, vous pouvez en citer quelques-uns.

Alexandre Uzan : Alors évidemment, moi, j’ai travaillé pour plusieurs cabinets, j’ai travaillé pour un stage pour le cabinet Hoche Avocats et donc pour le département droit des sociétés du cabinet Hoche d’avocat en stage, notamment. Pendant mon parcours d’élève avocat, j’ai travaillé aussi dans un cabinet de droit immobilier, dans la même spécialité que celle que j’exerce actuellement. Et puis actuellement, je suis le collaborateur de Maître Maruani, qui est une personne qui fait autorité en matière de droit immobilier et de baux commerciaux. Et donc, c’est un véritable plaisir d’être à son contact au quotidien, puisqu’elle me transmet aussi sa façon de penser, son expérience, son vécu. Et puis, elle me permet aussi de m’améliorer. Et ça, c’est vraiment l’essentiel dans ce métier, c’est de progresser parce que quand on démarre, on part tous d’assez loin.

Quels conseils auriez-vous à donner un étudiant qui souhaite devenir avocat et qui pourrait éventuellement s’inspirer de votre parcours ?

Alexandre Uzan : Pour les jeunes avocats, je trouve qu’il faut continuer d’avoir envie de faire ses études, mais il faut simplement les commencer en ayant éventuellement la volonté de faire une matière un tout petit peu plus subtil que je veux faire du droit pénal ou je veux faire éventuellement du droit du travail. Il faut peut-être avoir l’envie de faire des matières différentes, des matières qui sont concrètement applicables à la vie qu’on connaît en 2021. Je vous donne des exemples tout bêtes. On a vraiment beaucoup de cabinets à Paris qui cherchent des gens dans des matières telles que le droit de l’environnement, qui est une matière en plein essor. La RSE, tout ce qui touche à la responsabilité sociétale des entreprises, c’est très corrélé au métier d’avocat ou encore dans le droit des données personnelles des nouvelles technologies avec les nouveaux vecteurs de communication. Évidemment, il ne faut pas hésiter à faire ce métier, avoir peut-être une réflexion sur la spécialité qu’on a envie de faire. Et puis ensuite avoir de la motivation, de l’envie et il y a aucun problème, ça va parfaitement se passer.

Quel jour avez-vous prêté serment et quel souvenir en gardez-vous ?

Alexandre Uzan : Alors, la prestation de serment, c’est un sujet un peu touchy parce que me concernant, il se trouve que j’ai prêté serment le 2 décembre 2020 et par malchance même si on va dire que c’était le destin. Il se trouve que l’Ordre des avocats du barreau de Paris, compte tenu de la période que nous connaissons et de la crise sanitaire, a suspendu les prestations de serment officiel, c’est-à-dire les prestations en audience solennelle dans laquelle on est. On est avec la robe d’avocat devant nos parents et nos familles, nos proches, pour la remplacer par une prestation un peu vide de sens, dématérialisée par écrit sur un bout de papier. Moi, j’ai prêté serment sur un bout de papier en coin de table. Chez moi, c’était un peu triste, mais malgré tout, le symbole y était. C’est quand même important. Et puis, ce qui est bien, c’est que ce procédé m’a quand même permis de travailler. Et ça, c’est quand même l’essentiel. Dans un contexte qui était très difficile de ne pas refuser une collaboration dans un cabinet, de pouvoir vite exercer. Et vite aller me confronter au tribunal, à la plaidoirie et aller à la pratique du métier. Donc, j’en garde quand même un souvenir un peu nuancé, mais très heureux malgré tout, puisque ça ponctue le parcours étudiant d’un étudiant en droit.

Dans quel type de structure avez-vous commencé vos activités et quel était votre rôle ?

Alexandre Uzan : Alors, j’ai commencé mon activité comme stagiaire, comme quasiment tous les étudiants en droit de France et de Navarre. Donc, j’ai travaillé dans divers cabinets en tant que stagiaire où on me donnait des tâches où j’étais, où j’étais franchement agréablement surpris parce que j’ai toujours été considéré. Je n’étais pas forcément astreint au café, à la photocopieuse. C’était vraiment toujours avec une volonté, une logique et un souci de la pédagogie, de la formation et surtout un souci de la transmission. J’ai vraiment beaucoup apprécié et ma pratique professionnelle stricto sensu, je l’ai commencée dans le cabinet Jacquard Maruani et Associés, pour lequel je travaille actuellement en tant que collaborateur junior. Et je fais ça donc depuis bientôt 1 an. Donc j’apprends tous les jours et je m’initie à cette matière qu’est le droit des baux commerciaux, puisque c’est une matière qui touche à la fois des aspects vraiment juridiques, des aspects de droit des affaires pures et des aspects du droit des sociétés, de droit fiscal. Mais également, il y a une vraie appréhension de la matière sur le côté business, sur le côté technique, sur le côté rentabilité, sur le côté de venir du commerçant et l’aider dans ses difficultés. Puisqu’il ne vous aura pas échappé qu’actuellement, une des principales difficultés que rencontrent tous les commerçants de France, c’est comment vont-ils payer leur loyer ? Comment peuvent-ils les renégocier avec leur bailleur ? Et quelles sont les solutions juridiques qui s’offrent à eux ? Pour soit passer cette période difficile ou au contraire, continuer à respecter leurs engagements contractuels et donc à payer les sommes dues. C’est vraiment une matière qui est au cœur de l’actualité actuellement. C’est pour ça qu’il y a beaucoup de travail et c’est très, très agréable de faire cette matière-là.

Votre carrière est relativement courte, mais vous avez probablement des bons souvenirs. Alors quel est le meilleur ou les meilleurs pour le moment ? Souvenirs professionnels…

Alexandre Uzan : Mon meilleur souvenir professionnel, pour le moment, c’est étonnamment ma première plaidoirie parce que d’habitude, c’est peut-être un moment qui génère beaucoup de stress chez les jeunes avocats et je le comprends et je l’étais moi-même et je le suis toujours. Donc il n’y a pas de difficultés. Mais je pense que j’aurais difficilement pu souhaiter avoir une meilleure plaidoirie que ma première plaidoirie, dans le sens où j’arrivais vraiment à m’exprimer, à exprimer les idées que je souhaitais faire passer et ensuite, le délibéré. Il ne dépend que du juge. Donc, c’est vraiment un bon souvenir que j’ai puisque c’est vraiment le premier pas concret dans l’exercice de la profession. Le premier moment où on enfile la robe pour aller faire ce pour quoi on a, on a choisi cette voie, c’est-à-dire plaider et prêter sa voix à ceux qui n’en ont pas. Donc, à partir de là, je trouvais que c’était pour le moment, un de mes très bons souvenirs. Et puis, il y en aura d’autres. J’en ai aucun doute.

Je souhaite, à travers ce podcast, bien faire comprendre votre profession. Vous avez un master 2 en droit approfondi des entreprises. Pouvez-vous m’expliquer la spécificité de ce master ?

Alexandre Uzan : Oui, bien sûr. Comme je vous l’ai indiqué tout à l’heure, le Master 2, c’est une année de spécialisation. C’est-à-dire une fois qu’on a eu un socle commun, un tronc commun dans une université, qu’on a fait nos études, notre licence de droit qui est le socle de base, notre master, notre première année de master dans une fac. Il y a la possibilité. Alors maintenant, ça a été réformé depuis. Je vous parle de ça maintenant, il faut relativiser mes propos parce que depuis, il y a eu des réformes qui sont passées, qui ont modifié le procédé pour candidater dans des masters 2, mais cette année-là, elle consiste à choisir une matière et de se spécialiser un peu dans une université et d’approfondir certains points de droit qui n’ont pas pu l’être dans des cours un peu généraux que sont le droit des sociétés, le droit des obligations et qu’on nous enseigne antérieurement. Mon Master 2 de droit approfondi des entreprises, je l’ai fait à l’université Paris-Dauphine. C’est un master 2 droit des affaires de droit des sociétés essentiellement, et c’est un master 2 de recherche, c’est-à-dire qu’initialement, il avait pour objet de me permettre ensuite si je le souhaitais. Après avoir rédigé et soutenu un mémoire de recherche, d’embrayer et de faire une thèse de doctorat, c’était l’intérêt. Il y a d’autres masters qui, eux, ont une vocation plus pratique, c’est-à-dire qu’on fait des alternances. Parallèlement, on fait des stages dans des cabinets. Ça permet un peu d’entre mêler à la fois le théorique et le pratique. Et le master 2 que j’avais choisi à Dauphine me laissait l’opportunité, lui, par contre, d’embrayer de faire un doctorat, que je n’ai pas fait ensuite, finalement, puisque j’ai préféré me consacrer à l’examen d’entrée au CRFP1, donc au Barreau de Paris. Mais c’était une porte ouverte qui m’était laissée. J’en garde un excellent souvenir.

Vous travaillez actuellement dans un cabinet spécialisé en droit immobilier. Pouvez-vous m’expliquer ce que cela recouvre et me donner quelques exemples de dossiers que vous traitez ?

Alexandre Uzan : Alors pour les dossiers, je vais vous décevoir parce nous, on est astreint au secret professionnel, donc c’est sûr que je ne vais pas pouvoir. Par contre, mon métier et le cabinet pour lequel je travaille, il a pour spécificité vraiment, d’être un cabinet qui règle les litiges entre les bailleurs commerciaux et les locataires commerciaux. Donc, c’est ça l’intérêt. C’est-à-dire qu’on a toujours un bailleur qui va louer à une enseigne, un local et à partir de là, des litiges peuvent naître, notamment sur le paiement des loyers. Et l’intérêt de ce cabinet, c’est qu’il va permettre à la fois d’avoir une visée préventive, c’est-à-dire de recourir à des solutions alternatives à la procédure judiciaire. Je pense à une conciliation ou une médiation. Et ensuite, si cela n’est pas possible, si le litige est trop important ou que les positions des parties sont trop éloignées, le cabinet va intervenir pour toutes les procédures judiciaires qui tournent et qui attrait au paiement des loyers, au recouvrement des sommes qui peuvent être dues par un locataire à son bailleur. Et donc, ça recouvre évidemment un spectre de commerces, que ce soit des petites enseignes, des galeries, que ce soient aussi des bailleurs institutionnels ou parfois des enseignes qui sont très connues de fast-food ou autre chose. Donc, c’est une matière qui est très vivante et c’est une matière qui est très concrète, à la différence peut-être d’autres pratiques judiciaires. Mais c’est ça qui m’a intéressé. Et il y a un vrai aspect business sur lequel moi, par exemple, j’ai encore à progresser parce que c’est quelque chose qui ne s’apprend pas. C’est vraiment quelque chose sur lequel on progresse en permanence. Et il n’y a que l’expérience qui peut nous permettre de mieux appréhender à la fois les situations auxquelles on est confronté juridiquement, mais également les situations auxquelles on est confronté sur le plan de la trésorerie d’une entreprise, sur le plan financier et sur le plan économique de la vie d’une société ou de la vie d’une enseigne. Quand j’évoquais des exemples, je ne cherchais pas à avoir des noms, mais peut-être que vous avez une petite anecdote, évidemment sans rien dévoiler. Le cabinet a des clients qui sont des bailleurs institutionnels et l’anecdote que j’ai actuellement, c’est qu’on retrouve des situations qui sont véritablement analogues, quel que soit le type de locataire. C’est-à-dire que le petit locataire qui loue une petite boutique dans le milieu de la France va se retrouver confronté à la même difficulté qu’un locataire qui loue une immense galerie commerciale sur l’avenue des Champs-Élysées. Alors après, c’est une différence de degré, mais le problème juridique restera le même et la façon de l’appréhender et de le résoudre restera substantiellement la même. Ensuite, ça, je le dis bien, il y a quand même une différence de degré, mais la problématique juridique reste la même et c’est quand même ça qui est intéressant, c’est-à-dire qu’on peut adapter des solutions qui ont été soulevées devant des juridictions en France, pas forcément qui faisaient autorité et appliquer ces solutions dans des problèmes juridiques devant la Cour d’appel de Paris ou devant le tribunal judiciaire de Paris, puisque le litige risque d’être le même et la solution, parfois, risque d’être la même. Donc, il y a quand même cette transposition et c’est ça qui est intéressant.

Mantine est une élève avocate que j’ai aussi dans ce podcast. Elle a une interrogation sur son entrée dans la vie active. Elle souhaiterait savoir si vous gérez aisément votre vie professionnelle et votre vie personnelle ?

Alexandre Uzan : Ça, c’est une question qui, je pense, revient beaucoup. C’est un équilibre, c’est difficile à trouver, alors moi je suis un petit peu. Je pense que j’ai une vision un peu biaisée sur cette question puisqu’évidemment, comme je vous l’ai dit, je suis un jeune avocat qui démarre. Donc évidemment, quand on est jeune, on a la volonté, on a l’envie de faire ses gammes, de progresser le plus vite possible. C’est ce que je m’astreins à faire, c’est d’essayer de progresser le plus rapidement possible pour répondre aux attentes de cabinets qui sont élevées. Mais c’est pour notre bien-être parce qu’il y a un vrai souci de nous former, d’être efficace et d’être surtout bons juristes et de ne pas passer à côté parfois d’erreurs qui, substantiellement, ne relèvent pas de la théorie, mais simplement soit de la pratique, soit de l’expérience, soit du vécu. Donc, moi, je lui conseillerais vraiment de garder un équilibre vie personnelle, vie professionnelle, surtout avec la réouverture des terrasses maintenant. Je pense qu’il faut, il ne faut pas hésiter. Mais après, évidemment, c’est sûr que quand on démarre, on a l’envie vraiment de se montrer. On a l’envie de faire sa place. On a l’envie aussi de s’inscrire dans le cabinet qui nous a choisis et qui nous a donné la première opportunité de notre vie. Je trouve que c’est intéressant aussi. Il y a une vraie marque de confiance parce qu’on n’est pas référencé quand on sort de la fac, il faut qu’il y ait quelqu’un qui nous tente, qui nous tendent la main et qui nous donne une opportunité. Donc, à partir de là, il faut que malgré tout, en dépit parfois des horaires difficiles, en dépit du stress que certains dossiers peuvent générer, il faut, je pense malgré tout essayer de garder un peu la tête froide et s’astreindre à avoir un vrai équilibre, voir sa famille, voir ses copains, sortir le week-end et essayer de profiter.

Les avocats font partie des professions réglementées dans le secteur juridique, comme les notaires, les huissiers de justice et autres commissaires-priseurs. Quels sont les vecteurs de communication dont vous disposez ?

Alexandre Uzan : Alors, absolument, c’est une profession réglementée, je dirais même que c’est une profession très réglementée, on est soumis à une déontologie qui est extrêmement pointue. On est soumis à des principes sur lesquels il n’y a pas de débat. Le principe de confraternité est le principe de délicatesse. C’est vraiment le socle de la profession. Donc il y a vraiment une autorité ordinale qui ordinal, qui est là pour que la cohabitation entre les 30 000 avocats du barreau de Paris se passe bien et se passe en bonne intelligence. Mais ensuite, évidemment, les vecteurs de communication, c’est aussi un point sur lequel la déontologie commence un peu à se pencher puisque maintenant, il est possible de communiquer à travers les réseaux sociaux. On pense à LinkedIn, qui est un réseau social professionnel. On pense à Instagram pour faire éventuellement sa promotion et développer sa clientèle personnelle. Mais il faut, à mon avis, que l’utilisation de ces vecteurs de communication qui est essentielle. Et ça, je pense qu’il ne faut pas négliger. C’est vraiment déterminant. En 2021, on ne peut plus passer à côté de ces vecteurs pour soit promouvoir l’activité de son cabinet, soit promouvoir sa propre activité ou même, par exemple, communiquer à des confrères des décisions qu’on a obtenus confidentiellement, puisque ça peut avoir un vrai impact sur notre activité. Moi, par exemple, je travaille essentiellement sur des décisions de loyers commerciaux et la période Covid est très prolixe en matière de jugement et parfois, des confrères obtiennent des décisions qui nous intéressent et donc le fait de pouvoir communiquer aisément par LinkedIn, par exemple. Ça nous permet de pouvoir lire des décisions, d’avoir un accès très fluide à l’information juridique et ça nous permet d’être plus efficaces dans nos écritures parce que le métier d’avocat, c’est 99% du temps écrire et 1% du temps s’exprimer. Donc, à partir de là, je veux vraiment. Je ne nie pas qu’il y a un vrai, une vraie nécessité de développer éventuellement ces réseaux sociaux, de ne pas hésiter à le faire ou éventuellement, de scinder ses réseaux et d’avoir peut être un compte professionnel et un compte plus personnel. Il faut le faire, mais tout en ayant le souci de respecter les fondamentaux de la déontologie du métier. La délicatesse, la courtoisie et est de faire en sorte que cette utilisation des réseaux sociaux se fasse en bonne intelligence et qu’elle ne dévie pas de l’intérêt qu’elle a initialement, c’est-à-dire de promouvoir son activité.

La délicatesse et la courtoisie. Vous pouvez m’expliquer un peu ce que cela comprend ?

Alexandre Uzan : Bien sûr, c’est des principes forts qui sont le socle commun de la profession. C’est-à-dire que concrètement, dès lors qu’on s’adresse à un juge, dès lors qu’on s’adresse à un confrère, dès lors qu’on s’adresse à un huissier de justice etmême dès lors qu’on s’adresse à quelqu’un dans la vie de tous les jours, il faut faire preuve du maximum de courtoisie possible, que ce soit dans nos échanges écrits qui là sont vraiment fondamentaux. Parce que, comme je vous l’ai dit, c’est une profession où on écrit beaucoup.Donc, quand on fait des mails, quand on rédige des échanges au titre et qu’on est mandaté par nos clients, il faut que tout ça se fasse dans un esprit de courtoisie et dans un esprit éventuellement de confraternité puisque dans certains dossiers, on est amené à demander des délais, à solliciter des renvois pour étudier certaines pièces qui noussont transmises. Et donc, il faut qu’il y ait un esprit de concorde entre les parties, quand bien même elles son adversaire au procès. Il faut quand même que la profession réunit des parties qui pourtant s’opposent dans un procès judiciaire.Et c’est ce tronc commun qu’on a tous et auquel on est tous astreints qui nous permet d’exercer avec le maximum d’intelligence et dans la meilleure harmonie possible notre profession.

Avez-vous une idée des autres canaux de communication qui pourraient vous mettre encore plus en lumière ?

Alexandre Uzan : A l’heure actuelle, je pense essentiellement sur les réseaux sociaux. Moi, vraiment, j’ai 27 ans, donc je suis vraiment dans la pleine génération réseaux sociaux, Instagram et Twitter, Facebook. Je pense que vraiment, s’il y a un emploi à développer, c’est son réseau social professionnel. Et je vous dis ça, tout en appliquant pas mes propres conseils, puisque j’essaye malgré tout d’avoir une approche limitée et mesurée et de faire vraiment attention parce que l’excès en tout est mauvais. Quitte à développer ses réseaux, ça, je pense que ça devient une absolue nécessité. Cependant, il faut que ça se fasse intelligemment en ayant des personnalités qui peuvent éventuellement nous permettre de progresser dans notre parcours professionnel et aussi de développer nos activités. Montrer éventuellement nos réussites ou nos succès, mais tout en ayant la volonté de garder un peu d’humilité et de faire ça dans la concorde la plus forte.

La langue française est partie intégrante de votre métier. Il y a maintenant un petit rituel dans ce podcast. Pour chaque invité, c’est de connaître le mot ou l’expression peu usité que vous appréciez tout particulièrement.

Alexandre Uzan : L’expression est peu usitée ou disons que moi ce n’est pas des expressions peu usitées, mais disons comme je fais une matière spécialisée, disons qu’il y a un vocabulaire qui est attaché à la matière que je pratique, tout comme il y a un vocabulaire si on est fiscaliste ou si on est pénaliste, par exemple. Moi, je n’ai jamais utilisé l’expression un maye, par exemple. C’est normal, c’est une voie, une voie piétonnière dans un centre commercial. C’est un jargon un peu propre à la matière dès lors qu’on traite, par exemple, de centres commerciaux ou d’enseignes dans un centre commercial. Après, sur le vocabulaire en tant que tel, ce n’est pas. Je pense que ce n’est pas tant ça qui fait la pâte de l’avocat. Mais par exemple, comme je vous le disais tout à l’heure, je pense qu’actuellement, dans les circonstances qu’on connaît, notamment la crise covid, je trouve qu’on a eu à faire face, nous, les avocats et a fortiori les jeunes avocats, à une prolifération des textes juridiques qu’il a fallu essayer de déchiffrer, de rendre intelligible et compréhensible parce que c’était des textes qui avaient été pris en urgence, comme son nom l’indique. Et donc, si le vocabulaire utilisé n’était pas forcément le plus technique ou n’était pas le plus pointu. Il n’en demeure pas moins que parfois, il y avait des incohérences juridiques ou, disons, des choses qu’on avait du mal à cerner puisque c’était des textes qui avaient été pris pour répondre à une situation vraiment délétère, pour aider parfois des commerçants en difficulté. Je dirais que l’expression de vocabulaire le plus usité. Moi, j’ai mon style à moi qui m’est propre. Par contre, je fais souvent mienne l’expression de Montesquieu selon laquelle les lois inutiles affaiblissent les lois les plus importantes, donc, dans l’esprit des lois. Quand on prend des lois et qu’on a cette volonté qu’a le législateur, vraiment, je pense de faire une inflation législative, notamment avec les décrets qui ont été pris pendant la période d’état d’urgence sanitaire. Je pense que cette prolifération de textes elle nuit à l’intelligibilité des textes qui nous sont les plus essentiels dans des matières fondamentales. Donc, disons que c’est plus à ça que je pense quand j’écris, parce qu’évidemment, je suis amené à utiliser des textes actuels, des textes qui ont été pris au mois de mars dernier, des arrêtés qui ont été pris par Olivier Véran, le ministre des Solidarités et de la Santé, et donc la vitesse avec laquelle ont été rédigés ces textes a soulevé parfois des difficultés, nous a mis parfois dans des situations où il fallait vraiment qu’on s’interroge, qu’on se dise mais qu’est-ce qu’a voulu dire le législateur ? Est-ce que c’est susceptible de s’appliquer à nos clients ? Oui ou non ? Et donc, voilà, je dirais que ce surplus de texte, qui a été pris dans un contexte vraiment et sur une période de temps très, très courte, ça affaiblit les textes initiaux sur lesquels on était censé se fonder en tant que juristes pour répondre à des situations juridiques qui s’étaient déjà présentées par le passé. Par exemple, quand on a des tas et des tas de décrets et des tas d’arrêtés sur la période covid. Mais pourtant, la jurisprudence nous apprend que le coronavirus n’est pas la première épidémie qui a été rencontrée dans le monde. Donc, évidemment, des juges ont eu à trancher d’autres affaires dans lesquelles des épidémies type le chikungunya type le SRAS type, la grippe espagnole même. Ça s’est déjà présenté ça que je veux dire. Et donc, à partir de là, on a été confronté à une massification des textes. Et ça, je l’ai un peu déploré.

Pour revenir à la langue française, y a-t-il un tic de langage à l’oral que vous n’appréciez pas beaucoup, même si vous écrivez pendant 99% de votre temps ?

Alexandre Uzan : Alors moi, je trouve qu’il n’y a pas de mauvais tics personnellement. Chacun son style. Moi, je trouve que le style, c’est très personnel.

C’est ce qui vous irrite un peu les oreilles.

Alexandre Uzan : Oui, alors ce qui m’irrite un peu les oreilles. C’est très simple. Moi, par exemple, j’entends très, très souvent les gens parler et dire un espèce de. Alors il faut savoir qu’on dit toujours une espèce de (tout) même si parfois ça peut mal sonner. Ben voilà c’est un tic que je peux vous donner. Mais bon, il y en a d’autres et moi-même, ça m’arrive de faire beaucoup d’erreurs, donc c’est juste celui-là que j’entends très souvent. Mais même moi-même, je dois justement effectuer plein d’autres.

L’idée de cette question, c’est juste essayer de s’améliorer et de d’éviter de faire certaines fautes. Donc, si vous avez un autre petit exemple sur le sujet.

Alexandre Uzan : C’est celui-là qui me venait en tête naturellement. Si je réfléchis, j’en aurai peut-être d’autres, mais là je n’en ai pas.

Pour conclure cet épisode, y a-t-il une question à laquelle vous auriez aimé répondre et que je ne vous aurais pas posée ?

Alexandre Uzan : Alors une question ? Oui, il y a une question. Qu’est-ce que vous changeriez au parcours d’avocat tel qu’il nous est enseigné ? Moi, j’aurais vraiment été sur ce jour sur ce côté-là, parce que je pense malgré tout qu’il y a des modifications substantielles à apporter à la profession. Et ça, je vous dis ça avec le regard de quelqu’un qui sort vraiment tant de l’université que de l’École des avocats. Et je pense qu’il y a des profonds bouleversements à opérer, que ce soit sur le nombre de matières enseignées qui, parfois certaines revêtent une importance déterminante. Donc ça, je ne le nie pas, mais d’autres ont parfois une utilité proche du néant. Donc ça, moi aussi, je ne le nie pas. Et donc, je pense que comme je disais tout à l’heure, en l’excès tout est mauvais, mais effectuer quelques profonds bouleversements, instaurer des stages obligatoires dès les premières années d’université, je lance des pistes comme ça. Je pense que ça profiterait et ça bénéficierait tant à l’étudiant en droit pour savoir si c’est véritablement le métier qu’il veut faire qu’à l’employeur, c’est-à-dire l’avocat associé aux collaborateurs, qui va employer un jeune avocat, le prendre dans son cabinet et qui n’aura pas à lui montrer parfois les fondamentaux de la profession. Moi, ça m’arrive de demander des choses fondamentales à mes supérieurs parce que ce sont des choses qu’on ne m’a pas enseignées et je ne peux pas les deviner. Donc évidemment, il y a des il y a des petites choses à revoir, notamment sur la pratique du métier. Je serais totalement favorable à une alternance en droit des parcours d’alternants pour faire ça dans des cabinets d’avocats. Ça, ce sont des choses qui sont proposées. Faire une alternance en droit, il faut quasiment faire une thèse. Si vous faites une thèse de doctorat, là, vous pouvez aller toquer dans un cabinet d’avocats et leur proposer un contrat d’alternance pour pouvoir écrire votre thèse et parallèlement, travailler pour eux, c’est-à-dire à 27-28 ans. Ce n’est pas possible de faire ça à cet âge-là. Je pense qu’il faudrait très, très tôt, vraiment ne pas hésiter à confronter l’étudiant en droit à la pratique judiciaire, qui est d’ailleurs plus intéressante. Je pense sur certains points que certaines matières théoriques qu’on peut nous enseigner et surtout qui a le véritable avantage de nous confronter au tribunal, aux audiences, aux juges, à la procédure, parce que c’est quelque chose qui est très peu enseigné. Alors c’est quelque chose qu’on doit quand même travailler parce que l’on passe beaucoup d’examens. Mais malgré tout, la maîtrise de la procédure, que ce soit la procédure pénale si on veut être pénaliste ou la procédure civile ou la procédure administrative, c’est vraiment ce qui fait le cœur du métier et c’est ce qui fait un bon avocat. Et ça, moi, je l’apprends à mes dépens au quotidien parce qu’il faut vraiment. Il ne faut pas hésiter à confronter les gens qui s’engagent dans cette voie à la véritable pratique et aux véritables enjeux inhérents à la profession.

Voilà des pistes très intéressantes maintenant que l’on vous connaît un peu plus. Comment fait-on pour prendre contact avec vous si on le souhaite ?

Alexandre Uzan : Alors si on veut prendre contact avec moi, c’est très simple. On peut aller sur mes réseaux sociaux, on peut aller sur mon LinkedIn Alexandre Uzan, ou sur mon Instagram Alexandre Uz. Donc, il n’y a pas, il n’y a pas de difficulté. Et puis ensuite, on envoie un message ou un mail avec le contenu et le souci, le souci en question. À partir de là, je réponds dès que possible, dans les plus brefs délais.

Je vous remercie beaucoup pour cet entretien.

Alexandre Uzan : Merci à vous.

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