
Me Aude Bronner est avocate au barreau de Paris depuis 2017.
Elle est avocate en droit immobilier en droit bancaire et en droit de la famille
Son cabinet est situé au 2 Bd des Coteaux, 92500 Rueil-Malmaison.
Épisode diffusé le 27 juin 2022.
Bonjour Aude.
Aude Bronner : Bonjour Hervé.
Pouvez-vous m’indiquer votre métier et me décrire brièvement en quoi il consiste ?
Aude Bronner : Je suis avocate en droit immobilier en droit bancaire et en droit de la famille. J’exerce principalement en contentieux et j’ai une double casquette puisque je suis également coach. J’interviens pour cocher les avocates débordées, mes consœurs qui souhaitent sortir de la spirale de l’urgence et retrouver leur équilibre de vie pour concilier vie pro et vie perso.
Avez-vous imaginé faire ce type de métier quand vous étiez enfant ?
Aude Bronner : Alors pas du tout, pas du tout. Pour tout dire, avocat n’est pas une vocation. Ce n’est pas du tout un métier que j’ai envisagé de faire dans ma plus tendre enfance. Ensuite, en y repensant, mon père me disait toujours tu n’as que le mot, « c’est pas juste » à la bouche. Donc, peut être que j’étais prédestiné à entrer dans le monde de la justice.
Est-ce qu’il y avait des avocats autour de vous dans votre enfance ?
Aude Bronner : Pas du tout. Mon père est un pur scientifique et aucuns avocats, aucuns littéraires dans ma famille. Donc je suis un petit peu l’ovni.
Tout est parti du « c’est pas juste ».
Aude Bronner : Tout à fait.
Quel est votre parcours d’étudiante ?
Aude Bronner : Alors j’ai fait un parcours d’étudiante, somme toute très classique. Après mon bac, je suis rentrée à la fac de droit à Nanterre. J’ai fait à l’époque, puisque je suis avocate depuis 20 ans, les masters un et deux n’existaient pas donc j’ai simplement une maîtrise de droit. Après ma maîtrise, j’ai tenté l’examen d’entrée au CRFPA que j’ai brillamment raté. Donc étant passionnée par le pénal, et les sciences criminelles, j’ai profité de cette année off on va dire, pour réviser mon entrée à mon examen d’entrée au CRFPA et également faire l’Institut de criminologie de Paris, la Sorbonne.
Ça consiste en quoi ?
Aude Bronner : L’institut de criminologie, c’est une formation qui vise à entrer vraiment dans le détail des maladies psycho mentales, psycho pathologies qui avaient des cours de médecine légale. J’ai d’ailleurs assisté à une autopsie je crois que c’est le moment le plus marquant de tout mon parcours universitaire. Et ça a été vraiment une formation qui est très…pas trop pratico pratique. Mais on rentre vraiment, on sort de la théorie des cours qu’on peut avoir à la fac et on rentre vraiment dans des processus particuliers du droit pénal. Et c’était vraiment une expérience qui a été passionnante. Et puis, après l’Institut de criminologie, j’ai enfin réussi mon examen d’entrée au CRFPA. Je suis allée à Versailles et à l’époque, la formation était d’une durée d’un an.
Aujourd’hui, je crois que c’est passé à un an et demi et ensuite j’ai prêté serment. J’ai commencé à exercer tout de suite.
Pour revenir un tout petit peu en arrière. Y a-t-il eu un déclic pour orienter le parcours dans cette orientation juridique ?
Aude Bronner : J’ai envie de vous dire que si j’avais écouté mon père, je me serais destinée à des études dans un univers commercial. Lui, son rêve était que j’intègre HEC. Donc, quand j’étais en terminale, il a déposé mon dossier dans toutes les prépas HEC de France. Ensuite, ce n’était pas du tout. Je n’avais pas du tout une appétence pour les sciences éco.
J’ai fait un bac B, je ne dirai pas en désespoir de cause. Le littéraire pur ne m’intéressait pas. Je n’étais pas suffisamment bonne pour faire un bac C et donc le bac B était un peu la voie, on va dire. Donc mon père s’est rêvé de me voir, une dirigeante d’entreprise, une multinationale. Et moi, ce n’était pas du tout ce que j’avais envie de faire.
Et pour la petite histoire, en fait, j’ai raté mon bac. Comme quoi, on peut finir avocat et rater une fois son bac et l’examen d’entrée à l’école d’avocat. Et une de mes amies était en droit à Nanterre et elle m’a dit un jour Il y a un prof super en droit constitutionnel c’est Guy Carcassonne. Il faut absolument que tu viennes écouter son cours. Et je me souviens, c’était un mercredi matin à 8 h. Je suis allée à son cours et j’ai été subjuguée. Fascinée par cet homme, ce brillant constitutionnaliste qui m’a vraiment donné envie de faire du droit et d’intégrer une fac de droit. Mon père, du coup, quand je lui ai dit ça, il n’était pas du tout content et il m’a dit si c’est comme ça, si tu veux faire du droit, tu vas aller à Assas.
Non, je suis absolument allée à Nanterre, je veux avoir Carcassonne en prof et c’est ce qui m’a finalement mis un pied dans ces études judiciaires.
Alors justement, la question suivante est « avez-vous eu un mentor une personne qui vous a fortement influencée ? » Avant l’enregistrement, vous m’avez dit qu’il n’y en avait pas et j’ai l’impression qu’il y en a eu une personne apparemment.
Aude Bronner : En fait, il n’y en a pas qu’une. Effectivement, Guy Carcassonne m’a énormément inspiré par son rayonnement, son aura, son magnétisme, cette façon, son éloquence, cette façon d’expliquer les choses et de rendre attrayante une matière comme le droit constitutionnel. Le fonctionnement des institutions on ne peut pas dire que ce soit la chose la plus sexy au monde.
Ensuite, j’ai eu un professeur de droit du travail en la personne d’Antoine Lyon-Caen, qui m’a également énormément fasciné. Pour les mêmes raisons que Guy Carcassonne. Ensuite, je suis d’un tempérament à aimer me faire mon propre avis. Donc il y a plein de choses que que j’apprécie et qui peuvent m’inspirer chez différentes personnes, mais pas une personne dans son entièreté.
Je pioche à droite à gauche pour me forger mon opinion et m’inspirer de l’ensemble de ces personnes.
En tout cas, ces deux personnes ont une incidence ou une raison de vous orienter dans ce que vous avez fait dans la suite.
Aude Bronner : Oui.
Une influence majeure.
Aude Bronner : Oui, et ça fait partie des professeurs qui ont eu droit à leur standing ovation à la fin de l’année.
Justement par rapport aux étudiants. Est-ce que vous auriez des conseils à leur donner pour ceux qui veulent devenir avocat ?
Aude Bronner : Le premier conseil que j’aimerai donner, c’est vraiment de suivre leur propre élan, de ne pas se laisser influencer par la pression parentale des parents qui peuvent placer des espoirs dans leurs enfants, qui les imaginent faire de grandes carrières. De vraiment avoir une conscience de ce qu’est le métier d’avocat. Au-delà des études juridiques, de ne pas se laisser, on va dire influencer par le côté prestigieux de l’avocat d’affaires plein aux as, de l’avocat pénaliste ultra médiatique.
Parce que la réalité du métier d’avocat, c’est vraiment tout le contraire. J’invite vraiment les étudiants en droit, dès la deuxième année, à faire des stages dans des cabinets d’avocats pour découvrir différents modes d’exercice, différents types de structures, différentes matières. Entre ce qu’on voit à la fac, les cours dispensés de manière théorique et la pratique qu’on en fait, il y a un gouffre.
Il y a un gouffre énorme aussi entre la façon dont on imagine ce métier et la façon dont on l’exerce réellement. On ne fait pas que du droit toute la journée, on fait beaucoup d’administratif, beaucoup de gestion, de la pression des clients, des emails et au final, le cœur de métier pour lequel on va faire du droit, c’est ce pourquoi on veut être avocat et finalement, ça représente une part qui est très faible.
Surtout quand on exerce seul. Ensuite, quand on est dans un grand cabinet ou dans un cabinet avec assistante, collaborateurs, associés, c’est complètement différent. Mais beaucoup d’avocats exercent seuls. Et du coup, c’est un métier qui donc est très solitaire et qui implique de faire beaucoup de choses autres que du droit.
Quel jour à vous prêter serment et quel souvenir en gardez-vous ?
Aude Bronner : Je ne me souviens plus précisément du jour. Je sais que c’était un mois de février 2002, donc ça fait 20 ans. J’ai prêté serment à la cour d’appel de Paris. Je me souviens qu’il y avait mon amie Charlotte, qui d’ailleurs, celle qui m’a convié à découvrir Guy Carcassonne et la fac de droit, sa maman qui est aussi avocate et qui était ma marraine de prestation de serment.
Et je me souviens de ce côté en fait « waow » de rentrer dans cette salle avec tous ces avocats qui allaient prêter serment en robe à côté, très solennel. Ensuite, peut être un petit peu trop à la chaîne, pas trop individualisée parce que la salle était bien remplie. Ensuite, je crois que le souvenir qui m’a le plus marqué, c’est mon père qui m’a offert un bracelet.
Mais au-delà du bracelet, c’était le petit mot qu’il avait dans la boîte. Un petit mot. Il m’a exprimé toute sa fierté par rapport à mon parcours, tout ce qu’il n’a jamais osé me dire à l’oral et ce petit papier, je l’ai toujours, et ça m’arrive de le dire de temps en temps pour me souvenir à quel point mon papa est fier de moi. J’espère qu’il est toujours, papa si tu écoutes.
Dans quel type de structure avez-vous commencé vos activités et quel était votre rôle ?
Aude Bronner : Comme je vous l’ai dit, tout à l’heure, j’ai fait l’Institut de criminologie. Mon rêve, c’était d’exercer dans le pénal. Et en cherchant ma première collaboration, j’ai passé plein d’entretiens dans des cabinets pénalistes et là, je venais tout juste de me marier à l’époque et j’arborais fièrement mon alliance toute brillante. Etc Et les premières réflexions qu’on me faisait, c’était savez-vous que le métier d’avocat pénaliste est incompatible avec le statut de femme mariée ?
Vous allez travailler le soir, le week end, allez dans toutes les maisons d’arrêt faire des permanences tout le temps. Et en fait, ils m’ont complètement écœuré, de, finalement de ce qui est le quotidien d’un avocat pénaliste. Et j’ai vraiment fait. Je suis tombée en tout cas, je ne pense pas que ce soit forcément la règle. Mais en tout cas, les cabinets dans lesquels j’ai passé des entretiens étaient très misogynes et m’ont complètement écœuré.
Voilà en tout cas, mon persuadé de changer de voie. Et ensuite, j’ai eu une annonce dans un cabinet de droit immobilier à Paris ou j’ai été collaboratrice pendant un an. Ça a été une super expérience dans tous les sens du terme. En fait, ils ne m’avaient pas dit, quand ils m’ont embauché, que j’étais là en remplacement d’un congé maternité.
Donc voilà, au bout de quatre mois, après mon arrivée, j’ai eu plaisir de voir ma consœur qui est revenue de congé maternité et on m’a mis dans un placard sans fenêtre, très sympathique. Je suis assez rapidement tombée enceinte et à partir de ce jour-là, j’ai fait les expertises les plus lointaines, les démarches les plus lointaines, les plus compliquées, etc Donc j’ai eu une vie un petit peu à la rude. Et trois jours après la naissance de mon fils, j’ai reçu mon contrat de rupture de contrat de collaboration.
Autant vous dire que ça a été une expérience très riche et avec en mémoire cette phrase de mon ex-patron qui m’a dit « Aude Bronner, vous n’êtes pas souple » et sur le moment, j’ai grogné mais qu’est-ce qu’il me raconte ? Et cette phrase m’est revenue assez souvent et j’ai compris aujourd’hui effectivement. Du coup, j’ai lâché mon côté perfectionniste et super exigeante et je vous remercie pour cette phrase et l’expérience qui m’a offerte.
Et maintenant où exercez-vous ?
Aude Bronner : Alors j’exerce en cabinet groupé. Je partage mes bureaux avec mon associé. On est toutes les deux individuelles, on partage juste les locaux communs. Et j’exerce aujourd’hui vraiment principalement en droit immobilier, droit bancaire et droit de la famille. Je suis à mon compte dans cette structure-là. J’y suis depuis 2014.
Où se situe cette structure ?
Aude Bronner : À Rueil-Malmaison, dans le 92, à côté de Paris.
Quel est pour le moment votre meilleur souvenir professionnel ? … autre que le placard ?
Aude Bronner : Oh, c’était une expérience pas hyper réjouissante, mais c’en était une. J’ai envie de vous dire un peu comme tous mes confrères forcément, quand on gagne un dossier, une procédure. Mais au-delà de ça, c’est vraiment finalement le rôle positif que j’ai pu apporter à certains de mes clients. Ou en fait mon intervention. Alors je ne dirais pas à changer radicalement leur vie, mais ça leur a vraiment apporté une libération une énorme bouffée d’oxygène, un soulagement.
Et c’est voir la façon dont ils ont vécu ce soulagement, cette libération qui sont vraiment pour moi des souvenirs super positifs. Je me souviens, c’était une de mes premières clientes à l’aide juridictionnelle. C’est une dame seule avec deux enfants, qui avait vraiment peu d’argent et qui avait des problèmes de surendettement etc des procédures bancaires dans tous les sens.
J’ai fini au bout de plusieurs années à obtenir gain de cause. Et cette dame qui n’avait pas un sou et qui avait très peu d’argent à dépenser pour les cadeaux de ses enfants pour Noël, etc et qui m’avait confié, ne pas toujours en faire, m’avait apporté une petite enveloppe avec un billet de 10 € et pour elle c’était tellement énorme. Ce jour-là, j’en ai vu des larmes sur les joues parce que je savais que pour elle c’était un sacrifice énorme et je pense que c’est peut-être le souvenir qui…, rendre les gens heureux.
Très belle histoire. Vous êtes avocate principalement en droit, immobilier et droit de la famille. Pouvez-vous m’en dire plus sur ces deux domaines et me dire si vous les combinez sur certains de vos dossiers sans rentrer trop dans le détail ?
Aude Bronner : Alors non, je ne vais pas combiner ces deux matières. J’ai vraiment deux types de clientèle vraiment distinctes en droit de la famille forcément, des particuliers surtout ce qui va concerner des procédures de divorce, que ce soit contentieux ou à l’amiable, des séparations de parents non mariés, tout ce qui va concerner le droit de visite et d’hébergement des enfants, pension alimentaire. Et de l’autre côté, en droit immobilier ou j’interviens essentiellement pour une clientèle de syndics pour tout ce qui va être des désordres structuraux dans des immeubles suite à des ventes en l’état parfait achèvement, des dégâts des eaux, des contentieux liés aux assemblées générales, baux d’habitation, etc et aussi quelques particuliers qui viennent me voir dans le cadre de ce domaine de droit immobilier pour faire valoir leurs droits parfois contre des syndics. Donc forcément, je m’assure que ce n’est pas un syndic avec qui je travaille et donc oui, voilà pour l’essentiel. Voilà qu’elle est mon activité.
En parcourant votre profil LinkedIn, j’ai vu que vous êtes formée aux modes amiables de résolution des différends. Pouvez-vous m’indiquer ce que cette formation apporte ? Un avocat et en quoi correspond le diplôme que vous avez obtenu récemment en juillet 2020 ?
Aude Bronner : Alors je vais commencer par votre deuxième question. Donc j’ai fait des diplômes universitaires, des modes amiables de résolution des différends à Nanterre. Je suis retournée sur les lieux de mes études et j’ai pu voir que l’amphi de première année avait été rebaptisé Guy Carcassonne. Très émouvant. C’est une formation que j’ai suivi sur un an. Les cours étaient le vendredi et le samedi avec différents intervenants.
Donc ce diplôme aujourd’hui me permet d’avoir le diplôme de médiateur. J’ai également été formé à tout ce qui est processus collaboratif, procédures participatives de mise en état. En fait, il faut savoir que le législateur, depuis quelques années, a rendu obligatoire dans certaines dans certaines matières, le recours à un mode de résolution amiable avant de saisir la justice.
J’ai toujours, notamment en droit bancaire, dans une matière que j’exerce, un service juridique et qui est toujours très prompte aux négociations et à la rédaction de protocoles d’accord. Donc j’ai toujours été dans cette mouvance de trouver une solution amiable qui soit mutuellement satisfaisante pour les parties, plutôt que d’engager un procès qui va être long et coûteux et à l’issue toujours incertaine.
Et du coup, cette formation m’a permis d’affiner les techniques de résolution amiable des différends. Aujourd’hui, en fait, je m’en sers essentiellement pour notamment en droit de la famille, grâce à tous les outils que j’ai acquis sur la médiation avec l’écoute active, la reformulation à décoder derrière les demandes financières, les besoins que mon client souhaite voir compenser par sa demande financière.
Et donc du coup, c’est très intéressant parce qu’il y a vraiment une autre dimension de l’humain, un aspect qui est beaucoup plus psychologique. Et dès lors qu’on a pu identifier les besoins et savoir en quoi le client a besoin d’avoir cette réparation, on peut ensuite proposer des demandes qui soient plus justes et plus adaptées à ce que souhaite le client.
Alors, en parallèle de vos activités d’avocate, vous êtes également coach. Vous l’avez évoqué en introduction de l’épisode. Pouvez-vous m’indiquer pourquoi ce choix et en quoi consiste cette activité de coach ?
Aude Bronner : Alors, ce choix s’est révélé comme étant une évidence. Après ma formation de médiation, de juillet 2020. J’ai l’impression d’être en fait une éternelle étudiante, mais j’ai surtout une soif d’apprendre, de me former, d’acquérir de nouvelles connaissances et compétences. Et le coaching est un outil fabuleux pour aller révéler chez son coaché toutes les ressources qu’il a en lui pour les faire émerger et pour lui permettre d’atteindre ses objectifs.
Et étant avocate depuis 20 ans, j’ai eu mes deux enfants très tôt dans mon exercice professionnel. Donc autant vous dire que la gestion d’un cabinet d’avocat, d’enfants en bas âge, etc, c’est quand même assez touchy parfois. Et du coup, j’ai eu l’occasion de faire un sondage auprès de groupes d’avocats pour connaître les problématiques des avocates mamans débordées.
Et en fait, j’ai eu cette idée, en tout cas cette conviction, cet élan qui me dit, avec tout ce que j’ai pu apprendre en développement personnel, en outil d’optimisation du temps, d’équilibre de vie, a eu l’idée de créer une formation pour accompagner mes consœurs qui sont très nombreuses à être dans la spirale de l’urgence. Est épuisée, stressée, souvent au bord d’arrêter la profession, de leur transmettre tous les outils que j’ai pu expérimenter depuis ces dernières années.
Ça doit faire à peu près six ans pour justement qu’elle puisse mieux s’organiser au quotidien, gérer leur temps, gagner en efficacité, en productivité, donc en rentabilité du cabinet et dès lors pouvoir aussi se dégager du temps pour elles. Concilier leur vie pro et leur vie perso pour trouver cet équilibre de vie que majoritairement les avocates aujourd’hui n’ont pas. Et je m’aperçois qu’il y a vraiment un réel besoin.
Je sais que sur les sessions de formation que j’ai faites, les concerts m’ont dit « Mais tu a transformé notre vie grâce à toi. Je reviens enfin, je rentre sereine, je ferme mon ordinateur en étant satisfaite de ma journée parce que je n’ai pas tout fait au fil de l’eau. Mais j’ai géré mes priorités j’ai pu facturer et j’ai pu m’autoriser à fermer mon ordinateur plus tôt, pour prendre du temps pour moi, pour prendre du temps avec ma famille. Et ça, c’est juste la plus belle récompense. »
Une petite question subsidiaire est ce qu’un avocat pourrait venir vous voir pour être coacher ?
Aude Bronner : Oui, bien sûr. Ensuite, ce qui est sympathique, c’est que dans ces formations je limite volontairement à dix consœurs pour avoir cet espace d’échange, de partage, de synergie et de connexion. Ensuite, les hommes sont tout à fait les bienvenus, mais je pense que je créerai une formation spéciale hommes puisque les problématiques, je pense, ne sont pas les mêmes. Une femme. Alors, je pense aussi aux papas qui peuvent être divorcés et qui ont leurs enfants en résidence alternée. Mais c’est vrai que, en tant que femme et c’est quelque chose qui nous est spécifique, on a une charge mentale qui nous prend beaucoup, beaucoup de temps dans nos journées de travail, on passe notre temps à faire du yoyo entre le rendez-vous chez le médecin du petit, la réservation du centre de loisirs, etc et nos tâches professionnelles.
Et c’est vrai que les hommes ont plus cette faculté à être mono tâche et à ne pas se disperser. Mais il y a aussi beaucoup d’hommes et j’ai eu des demandes de confrères qui souhaiteraient rejoindre la formation, donc welcome.
Je pose habituellement la question de savoir si mon invité gère aisément sa vie pro et sa vie perso. Maintenant que l’on sait que vous avez plusieurs activités, notamment celle de coach. Est-ce facile pour vous également de gérer votre vie pro et votre vie perso ?
Aude Bronner : Ahaha une question piège, si je vous dis non, je ne serai pas crédible. Ce que je dis souvent, c’est que l’équilibre de vie est une utopie. On ne peut jamais avoir un équilibre parfait de vie. Il y a toujours des moments où on doit donner la priorité à tel domaine. Pro/perso, on peut avoir des soucis familiaux ou des contraintes qui vont faire qu’à un moment donné on va lâcher un peu le boulot.
Et puis inversement, parfois on se consacre plus à son projet professionnel. Le tout c’est de savoir à rapidement rétablir son équilibre. En fait, on est un peu des funambules. Personnellement, peut-être que c’est une facilité, encore que mes enfants soient grands néanmoins, ils me demandent aussi beaucoup de temps qui n’est pas le même que des enfants en bas âge.
Mais néanmoins, ils ont aussi besoin. Pas mal de d’échanger sont beaucoup dans la discussion, donc je me dois d’être là pour eux et c’est un réel plaisir d’échanger, d’avoir encore du lien avec mes ados. Ensuite, j’avoue que c’est une question de choix et de priorités. C’est vrai que j’ai un objectif qui est de développer le coaching à destination de mes consœurs pour rendre cette profession.
En tout cas, mes consœurs qui exercent sereine et paisible. Et ça fait partie de mes objectifs. C’est vrai qu’en ce moment, je travaille facilement soirées week ends, mais pour autant, j’arrive aussi à m’accorder des moments de repos et de déconnexions totales. Mais c’est quand mon corps me dit « Tu as besoin de te reposer, de te déconnecter ». Mais une fois que tout sera bien sur les rails et que j’aurai atteint ma vitesse de croisière, je prendrai davantage de temps pour moi.
En même temps, je ne vois pas le temps passer. Donc ça me va parfaitement.
Les avocats font parties des professions réglementées dans le secteur juridique, comme les notaires, huissiers de justice et autres commissaires-priseurs. Alors quels sont les vecteurs de communication dont vous disposez ?
Aude Bronner : Un site internet qui est un site vitrine où je communique sur les activités du cabinet. Et pour tout ce qui va être mon activité de coaching, j’ai un compte Instagram où je communique beaucoup et des conseils sur l’organisation, la gestion du temps. Le mindset positif pour s’autoriser à prendre du temps pour soi et pas attendre la retraite pour enfin s’accorder trois minutes douze. Et également LinkedIn mais sur lequel je ne communique pas vraiment beaucoup mais où j’ai un réseau de confrères et de consœurs qui commence à être assez important.
En fait, il y a ce qui est réglementé par rapport à votre activité d’avocate. Et après cette autre activité de coach, vous avez un peu plus de liberté. Vous utilisez que votre compte Instagram ? Vous avez d’autres supports ?
Aude Bronner : J’ai un site internet également pour mon activité de coaching que j’ai voulu distincte de celui de mon activité d’avocat. Ensuite, le coaching est une activité connexe à la profession d’avocat et en tant qu’avocate, je suis soumise à nos règles déontologiques qui doivent également s’appliquer dans le cadre de mon activité connexe. Donc, le respect de la confidentialité et le secret professionnel, la dignité, la loyauté.
Donc du coup, ça, ce sont des règles qui s’appliquent également dans ma communication de coach.
Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur ces activités connexes ? Est-ce que c’est quelque chose qui est assez récent ? Je crois. Et donc, vous n’êtes pas totalement libre dans cette deuxième activité.
Aude Bronner : Non, pas du tout. En fait, c’est la loi Macron de 2014, je crois. Je vais peut-être vous dire une bêtise qui a autorisé les avocats à exercer une activité connexe à leur activité, c’est-à-dire qu’il faut qu’il y ait un lien de dépendance avec votre activité principale. C’est-à-dire que ces activités connexes doivent être à destination, soit des clients du cabinet, soit des confrères et si c’est à destination d’un client il faut que ce soit une prestation qui intervienne en amont pendant ou après la réalisation de la prestation de l’avocat. Donc, il faut vraiment qu’il y ait eu un lien avec le client. Quand j’ai justement, j’ai fait mes recherches pour ses activités connexes, j’ai vu que des confrères étaient professeur de yoga justement pour apaiser les clients avant des audiences un peu conflictuelles.
Il y a aussi des coachs, il y a des mandataires de sportifs. Donc oui, c’est autorisé. Ensuite, on reste soumis à nos règles déontologiques.
C’est les mêmes ?
Aude Bronner : Ce sont les mêmes. Et ensuite, en tant que coach, j’ai aussi une déontologie notamment. La première des choses étant la confidentialité ça va dans la droite ligne.
Des choses que vous connaissez.
Aude Bronner : Voilà.
La langue française est partie intégrante de votre métier. Il y a maintenant un petit rituel dans ce podcast pour chaque invité, c’est de connaître le mot ou l’expression peu usitée que vous appréciez tout particulièrement.
Aude Bronner : Alors, il y a un mot qui m’a toujours fait beaucoup rire. C’est le mot « nonobstant » que l’on trouve dans beaucoup de conclusions de confrères d’un certain âge et dans les arrêts de la Cour de cassation. Ensuite, pour autant, je pense que je ne l’ai jamais utilisé, sauf pour me marrer dans des conclusions. Sinon, oui, j’ai surtout des mantras qui me suivent au quotidien, et notamment celui qu’il faut parfois savoir perdre du temps pour en gagner qui s’applique aussi bien dans mon activité d’avocat que de coach, puisque sur un dossier à parfois, il faut prendre le temps de la réflexion, des recherches, ne pas se lancer bille en tête dans une rédaction d’actes ou dans une réponse de client. Et en termes d’organisation, c’est généralement quand on se sent paniqué, complètement sous l’eau, en se disant « Oh là là, mon Dieu, je n’y arriverai jamais ». C’est là où il faut dire stop. Alors maintenant, je m’assois deux minutes, je respire un grand coup, je regarde tout ce que j’ai à faire, je sors mes dossiers et j’organise ça dans mon agenda et oh miracle, je vois que tout rentre, donc no panique et tout va bien.
Alors, à l’inverse, quels tics de langage à l’oral cette fois-ci, n’appréciez-vous pas beaucoup s’il y en a un ou plusieurs ?
Aude Bronner : Il n’y a pas de langage particulier. Mais les fautes de grammaire et d’orthographe, que ce soit à l’oral ou à l’écrit, me font grincer des dents. Ça, c’est quelque chose j’avoue que j’ai beaucoup de mal. Mais sinon, non. J’accorde à chacun le droit de s’exprimer de la manière même quand il a envie. Même si parfois je ne comprends pas toujours le vocabulaire de mes adolescents. Mais ça, c’est autre chose.
L’idée de cette question, c’est toujours, c’est d’essayer de s’améliorer, de voir…ce qui peut irriter un peu les oreilles et puis qu’on peut corriger. On ne se rend pas compte. Des fois, on a nos propres tics et à travers cette question, justement, ça peut révéler cette chose qui n’est pas toujours agréable à entendre. C’est ça l’idée de cette question.
Aude Bronner : Sinon, si, il y a un souvenir, je traitais un dossier d’agression sexuelle. J’ai été pour la victime et le confrère en défense a passé 4 h d’audience à parler de la victime, ma cliente, en disant celle-ci, celle-là, cette dernière. Il n’a jamais prononcé son nom. Et ça c’est quelque chose qui m’avait profondément heurté à l’époque. Pour la dignité de la victime, pour son statut qui était complètement maîtrisé par le confrère.
Ça, c’est quelque chose qui m’a marqué.
Très intéressant, je pense. Ça peut être utile aux personnes qui nous écoutent, qui ont l’occasion de plaider. Une question importante pour conclure, qui est apparue récemment dans les questions du podcast. Qu’est-ce qu’un bon avocat, selon vous ?
Aude Bronner : C’est un avocat qui fait des effets de manche et qui récite Zola et Victor Hugo aux assises, peut-être. Non, pas du tout. Moi, ce que je pense…l’écoute, savoir écouter son client, comme je le disais tout à l’heure, savoir chercher derrière ses demandes les besoins, savoir être dans l’empathie de son client sans pour autant absorber ces émotions qui sont les siennes et qui ne nous appartiennent pas, mais qui peuvent être booster et moteur dans la défense de nos clients bien sûr. Aussi, savoir écouter la partie adverse c’est important de l’entendre aussi. Moi, je le vois en processus collaboratif ou en fait quand on est en réunion, en avocat à quatre, l’avocat de l’autre partie, en fait, répète et reformule ce que le client de l’autre a dit, pour en fait être sûr que c’est bien été entendu. Et pour que son client entende de la voix de son propre avocat la parole de son adversaire entre guillemets, même si on ne parle pas d’adversaire en processus collaboratif.
Donc ça, je pense que c’est important l’écoute, l’écoute des demandes de chacun, histoire de comprendre si moi j’aime bien comprendre les demandes, les besoins et mettre du sens dans la défense de mes clients. Et aussi d’honnêteté par rapport à son client, pas lui faire croire que son dossier est gagné d’avance. Lui dire effectivement là Monsieur Madame, là on n’est pas bien parti, on va faire ce qu’on peut.
Mais je ne peux pas vous assurer qu’on va obtenir gain de cause. En tout cas, je vais faire de mon mieux avec les pièces et les informations que vous me donnez, mais pas leur mentir, pas leur promettre que tout est gagné, tout cuit et au final, il y a une désillusion et donc du coup, c’est l’écoute et l’honnêteté.
Pour finir, y a-t-il une question à laquelle vous auriez aimé répondre et que je ne vous aurai pas poser ?
Aude Bronner : Vous avez déjà posé beaucoup de questions, mais peut être « est-ce que vous feriez ce métier jusqu’à la fin, jusqu’à votre retraite ?
Alors qu’en est-il ?
Aude Bronner : J’ai envie de vous dire non. Non, parce que j’aime mon métier. J’aime certains aspects, certains autres aspects me sont désagréables, comme je le disais, les tâches administratives, tout ce qui n’est pas du pur droit. Et je prends un tel plaisir à coacher mes concerts, à leur apporter des outils. Vraiment, ce qui me motive au quotidien, ce qui me porte de la joie, c’est vraiment d’aider, de conseiller, d’être utile, de transformer la vie des autres en mieux.
Et c’est vraiment ce que je trouve dans mon activité de coaching. Donc oui, l’idée dans quelques années, c’est de lâcher le pied, de ne pas abandonner mon cabinet. Peut-être que mon fils le reprendra, ou peut-être que je trouve un collaborateur ou un associé, qui avec qui je partagerai cette activité. Mais vraiment, j’ai très à cœur et c’est un élan.
Et je suis toujours mon intuition qui m’appelle vraiment vers ce domaine de coaching.
Maintenant que l’on vous connaît un peu plus, si l’on souhaite prendre contact avec vous, soit en tant que client d’avocat ou en tant qu’avocate, qui a besoin de coach ? Comment, comment fait-on ?
Aude Bronner : Sur mon site internet, pour le coup, c’est audebronner.com et donc profil aussi Instagram Aude Bronner et LinkedIn. Voilà, voilà, vous savez tout.
Parfait. Je vous remercie beaucoup pour cet entretien.
Aude Bronner : Merci à vous Hervé.
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